![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_079c6a8631b0425caf63696c288bd31f~mv2.jpeg/v1/fill/w_1600,h_899,al_c,q_85,enc_avif,quality_auto/d6eea2_079c6a8631b0425caf63696c288bd31f~mv2.jpeg)
Plusieurs témoignages de personnes ayant vécu la tempête Alex de façons différentes ont été recueillis ci-dessous.
![OHZIXS4A5ZDV7ZVKJ4DSCF552A.jpg](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_5ba93584ef4f4c0eac27b87c0cd7e5f6~mv2.jpg/v1/fill/w_583,h_383,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/d6eea2_5ba93584ef4f4c0eac27b87c0cd7e5f6~mv2.jpg)
Image : Le Parisien
Breil-sur-Roya où s'entassaient des épaves de voitures
QUELQUES PHOTOS...
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_b17b528abfd04fc894853c22d8a519cd~mv2.jpg/v1/crop/x_0,y_0,w_1836,h_2876/fill/w_162,h_253,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/20201024_153951.jpg)
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_b1260969bd474b39a01013fc34f73a7b~mv2.jpg/v1/fill/w_161,h_287,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/20220811_112500.jpg)
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_e7a9e4d733c94bec8bf97561f0c96829~mv2.jpg/v1/crop/x_0,y_234,w_1836,h_2861/fill/w_189,h_295,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/20201003_102536.jpg)
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_92587e3fa27341f7b2bd6c1ed2b7a7eb~mv2.jpg/v1/crop/x_0,y_0,w_899,h_1316/fill/w_167,h_244,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/IMG-20201024-WA0031.jpg)
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_335e47ab21d84b0cb3f5567837f3ec0e~mv2.jpg/v1/fill/w_400,h_225,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/IMG-20221106-WA0004_edited.jpg)
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_95773cca506b4b4384130afd61b9ce78~mv2.jpg/v1/fill/w_191,h_340,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/d6eea2_95773cca506b4b4384130afd61b9ce78~mv2.jpg)
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_b1b6c0de478d4d02af355e7964762b01~mv2.jpg/v1/fill/w_185,h_329,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/20201005_174510.jpg)
![Route de Casterino](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_56dd4a2021614e228ceee1b632e4569a~mv2.jpg/v1/fill/w_209,h_372,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/20221218_160359.jpg)
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_354a62e08d9d44648847b2ad8920c64e~mv2.jpg/v1/fill/w_199,h_354,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/d6eea2_354a62e08d9d44648847b2ad8920c64e~mv2.jpg)
![Statue "Le Bon berger"](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_6367b6fb5e4f40bebd14780ddf40ee6e~mv2.webp/v1/fill/w_144,h_256,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/IMG_20220402_170645_500.webp)
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_adf4e7ffd74141c1b628efd8d85037f2~mv2.jpg/v1/fill/w_186,h_321,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/IMG-20210206-WA0028_edited.jpg)
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_4f5eec7f10ae457e8c0bb23d8da639fa~mv2.webp/v1/fill/w_400,h_225,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/IMG_20211226_162951_005.webp)
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_cc93205bf9f8416a8271dba2c569ebbd~mv2.jpeg/v1/fill/w_493,h_277,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/qezhzhz.jpeg)
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_8b581dc8ce7d42a197bfef8901cdbbb6~mv2.jpg/v1/fill/w_237,h_353,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/d6eea2_8b581dc8ce7d42a197bfef8901cdbbb6~mv2.jpg)
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_ad72a8d9c3804c9c907bee8dbfb80170~mv2.jpg/v1/fill/w_392,h_294,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/Casterino3.jpg)
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_e58c66391e934a9fb4ec549f5005e0f4~mv2.jpg/v1/fill/w_251,h_141,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/d6eea2_e58c66391e934a9fb4ec549f5005e0f4~mv2.jpg)
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_5f57972fb4c04cebaa3b776b5a7a8163~mv2.jpeg/v1/fill/w_237,h_321,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/d6eea2_5f57972fb4c04cebaa3b776b5a7a8163~mv2.jpeg)
![](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_b5a018036b3b49bdae3269b439a051e1~mv2.jpeg/v1/fill/w_230,h_341,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/d6eea2_b5a018036b3b49bdae3269b439a051e1~mv2.jpeg)
![PAS LIBRE.jpg](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_26ea43f3aee0495e9809fe9c0ec74eb4~mv2.jpg/v1/fill/w_77,h_77,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/PAS%20LIBRE.jpg)
Maire de Breil-sur-Roya et Conseiller départemental des Alpes-Maritimes
Nous avons reçu l'alerte jeudi 1er octobre dans l'après-midi. Une vigilance orange pluie/inondation nous a été annoncée pour le lendemain avec possibilité de passer en rouge en fin de journée. Nous avons immédiatement activé le Poste de Commandement Communal et fait une communication sur la vigilance météo à destination de la population dès le jeudi soir.
Le lendemain dès 7h nous étions en poste de commandement communal et nous recevions un premier rapport qui mentionnait une vigilance particulière sur la Roya. Nous avons donné les consignes à la population.
Dans la matinée une grosse tempête de vent s'est déclarée. À ce moment-là les transports ferroviaires ont été interrompus dans la vallée. Vers 11h30, les voyageurs sont restés à quai à Breil car plus aucun train ne circulait. Nous avons pris la décision d'ouvrir un centre d'hébergement d'urgence, pensant à ce moment là, qu'il ne servirait qu'à accueillir les naufragés du train. En parallèle, nous avons commencé à évacuer les secteurs très exposés comme le camping.
La commune est passée en vigilance rouge à midi, nous avons donc sonné la sirène d'alerte aux populations. Le centre d'hébergement étant devenu trop petit, nous l'avons déménagé au gymnase.
En fin d'après-midi les services de la préfecture nous ont informés que nous allions avoir une crue importante de la Roya comparable à la crue de 1994.
Vers 17h je suis intervenu en direct en facebook live pour dire aux gens de rester chez eux et leur donner toutes les consignes de sécurité. À ce moment-là le lac était déjà sur le point de déborder. Je me suis rendu sur le haut de la commune pour voir où en était la situation, à ce moment là l'eau passait déjà sur la route départementale à la sortie nord de Breil.
Vers 20h nous avons eu la coupure d'électricité sur la commune. Nous avons commencé par évacuer les personnes vivant au rez-de-chaussée des habitations, mais plus tard dans la nuit nous avons dû évacuer également les personnes qui étaient dans les étages du quartier de l'Isola.
Tous les réseaux ont été emportés, notamment le réseau d'eau.
Vers minuit nous avons déménagé tout le monde au collège car le gymnase commençait à prendre l'eau.
Ensuite, vers 1h du matin, le réseau téléphonique a été coupé, ma dernière conversation téléphonique a eu lieu aux alentours de 00:40. Lorsque nous étions au plus haut de la crue nous ne pouvions plus rien faire à part attendre que l'eau descende, et attendre que le jour se lève car nous n'avions plus de lumière.
Lorsque nous nous sommes réveillés, enfin personnellement je n'ai pas dormi, la situation était la suivante : il n'y avait plus d'eau, plus d'électricité et plus de téléphone. Nous n'avions plus de voies de communications, les trains n'ont pas repris et la route de la Roya était massacrée, nous ne pouvions ni descendre vers l'Italie ni monter vers Tende. Nous avions des quartiers coupés du reste de la commune comme le quartier de Veil, de l'Aïgara ou encore Libre, Pienne-Basse et Pertus. Il nous restait une seule route que l'on pouvait à peu près utiliser pour sortir, c'était la route du col de Brouis, mais qui, à cause de la tempête, n'était pas praticable. Notre priorité a donc été de dégager cette route pour avoir un accès routier sur l'extérieur.
Notre seconde priorité a été de désenclaver les quartiers coupés de la commune grâce à des sentiers ou des pistes. Dès que la route du col de Brouis a été rouverte, je suis monté en voiture sur Sospel pour tenter d'appeler la préfecture. J'ai finalement réussi à avoir la députée qui m'a passé Monsieur le Premier Ministre, Jean Castex, au téléphone. Je lui ai donc expliqué la situation ; il venait d'arriver à Nice. Je lui ai demandé de nous faire emmener ce dont nous avions besoin en urgence : des groupes électrogènes, de l'eau potable, du carburant pour les véhicules de secours, de la nourriture, et refaire partir les antennes relais afin d'avoir le réseau de communication. Je n'ai pu faire la première distribution d'eau potable que le dimanche matin car les premières bouteilles sont arrivées le samedi soir.
Le bilan était de : 86 personnes accueillies au centre d'hébergement d'urgence, 5 disparus potentiels, 3 morts retrouvés sur les côtes et 1 disparu sur Tende. Le bilan des habitations : 8 maisons emportées, 1 hôtel détruit, une vingtaine d'habitations et une dizaine de locaux commerciaux qui sont inondés jusqu'au plafond. Nous avons également eu des mouvements de sol importants, ce qui fait que suite à la catastrophe j'ai été amené à prendre 44 arrêtés d'évacuation qui concernaient parfois un immeuble entier ou juste des appartements et maisons.
![Karine_BOETTI_0c7df91a5b1b7e9a670c793d5d062fde.jpg](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_cfbe47b8ecdc4ef0aa68c5de61d1c67e~mv2.jpg/v1/fill/w_62,h_77,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/Karine_BOETTI_0c7df91a5b1b7e9a670c793d5d062fde.jpg)
Conseillère Municipale
Déléguée à la Jeunesse, au Patrimoine et à la Vie Associative et employée au Crédit Agricole
Bien que des alertes météo aient été annoncées, pour moi tout a commencé le vendredi 02 octobre au matin. Alors que je travaillais à la banque, je recevais des messages du maire m'informant que la situation commençait à devenir très critique. Vers midi j'ai fermé l'agence du Crédit Agricole de Breil, il pleuvait. J'ai vu les derniers messages Whatsapp du maire qui indiquaient que le camping avait déjà été fermé, et que le gymnase avait été réquisitionné pour accueillir les premières personnes évacuées. J'ai appelé Sébastien Olharan pour savoir si je pouvais apporter mon aide. Il m'a dit d'aller au gymnase pour gérer la Croix Rouge déjà présente ainsi que les personnes mises en sécurité. Nous n'avons reçu d'ordre de personne, chacun a pris des décisions sur le moment. Arrivée sur place, j'ai constaté qu'il n'y avait ni à manger ni à boire et que le gymnase n'était pas chauffé... j'ai appelé mon mari, électricien, qui a tenté de le remettre. Aux alentours de 20h, j'ai demandé aux commerçants de rouvrir les magasins alimentaires afin de fournir de la nourriture et de l'eau aux sinistrés.
Lors de cette catastrophe, j'ai surtout géré l'arrivée des sinistrés au gymnase et la répartition des bénévoles pour leur permettre d'aider un maximum de personnes (tous les soirs nous demandions aux équipes de combien de bénévoles elles avaient besoin pour les chantiers du lendemain). Je me tenais au plus proche de la population afin d'apporter mon aide ; par exemple lorsque des personnes âgées me disaient ne pas pouvoir sortir de chez elles à cause de la boue ou par peur, je faisais une liste de ce dont elles avaient besoin et je retournais leur amener de la nourriture, des médicaments etc.
Lorsque mon fils, qui habite Menton, s'est rendu compte que nous étions injoignables, inquiet, il est passé par les montagnes pour nous aider à nettoyer et dégager les routes et les maisons. La place du village a été vidée en deux jours, il ne restait ni épaves de voitures ni boue.
Durant les premiers jours il y a eu beaucoup d'entraide entre les habitants, on chargeait des voitures avec des bouteilles d'eau pour en faire la distribution. J'ai pris en charge les personnes âgées après avoir contacté leur médecin traitant, dans le but de les évacuer vers les hôpitaux de Menton, Nice ou Monaco. Chacun a fait comme il a pu selon ses connaissances et ses capacités, en fonction de ce qui était nécessaire et juste. Je me dis qu'au fond, dans la panique on ne s'en est pas trop mal sortis...
![csm_portrait_BOETTI_FORESTIER_laurence_c9c1b65a63.jpg](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_7c72e766a67b46d691f83360efc647c2~mv2.jpg/v1/fill/w_58,h_77,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/csm_portrait_BOETTI_FORESTIER_laurence_c9c1b65a63.jpg)
Conseillère régionale déléguée aux relations transfrontalières
Le soir même j'étais chez moi, il n'y avait plus de courant à partir de 20h, je n'ai donc découvert les conséquences de la tempête Alex que le samedi matin. Lorsque le lendemain matin j'ai vu qu'il y avait des arbres sur la route du col de Brouis et qu'il y avait des dégâts je suis descendue à Breil pour me rendre compte de ce qui s'était passé. Je suis ensuite montée à la caserne des pompiers et leur ai demandé s'ils avaient besoin de moi en tant qu'infirmière ce qui a été ma première action. Ensuite je suis allée au gymnase afin de rencontrer le maire. Là, j'ai aidé à la distribution des bouteilles d'eau. Dès que nous avons eu de l'électricité j'ai informé la région de l'ampleur des dégâts. Puis, dans les jours qui ont suivi, j'ai épaulé le maire dans des actions politiques de proximité. J'ai donc apporté mon aide dans les taches du quotidien, j'ai également fait une remontée auprès des autorités, du Conseil Régional dans le but d'obtenir des subventions et que la reconstruction puisse se faire. Par exemple, avec une association nous avons proposé un projet "petite enfance" pour les crèches de Breil et Tende afin d'aider le personnel et les familles dans l'étape de la reconstruction. C'est-à-dire à les inciter à ne pas quitter la vallée, continuer à y vivre et y travailler. En ce qui concerne mon rôle en politique, j'ai fait le relais entre les différentes instances pour avoir des subventions notamment au niveau européen avec le programme Alcotra.
En France les moyens ont quand même été extraordinaires. Nous avons eu l'intervention de l'armée qui est restée sur place pendant environ 1 mois.
Toutefois, ce qui a énormément manqué selon moi c'est le fait de ne pas avoir été équipés de téléphones satellitaires, ni les gendarmes, ni les pompiers n'avaient ce moyen de communication. C'est vrai que si nous avions eu ce téléphone nous aurions pu gérer cet évènement de façon différente. D'un autre côté nous étions face à une crise d'une telle ampleur que personne ne s'y attendait.
Ce que je trouve bien également c'est que le Préfet a déclaré l'alerte rouge, ce qui a permis d'éviter énormément de pertes humaines car dès le vendredi tous les établissements scolaires avaient été fermés. A la suite de cette alerte les maires ont donc fait évacuer les bords des rivières.
![IMG-20230121-WA0000.jpg](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_f69853d7f4494d61974e1b24073a0410~mv2.jpg/v1/fill/w_36,h_77,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/IMG-20230121-WA0000.jpg)
Pompier volontaire et agent technique qui a participé à l'évacuation de l'hôpital St Lazare de Tende (EHPAD)
Le vendredi matin je suis allé au travail comme un matin normal. Dans la matinée il y a eu une alerte comme quoi les personnes habitant la vallée de la Pia devaient rentrer chez elles. Un agent du service technique qui habitait là-bas était d'astreinte. Je lui ai donc dit de rentrer chez lui, que je je pouvais m'occuper seul de la situation car ça n'était que de l'eau. De là je me suis retrouvé bloqué sur l'hôpital en tant qu'agent technique d'astreinte et non pas en tant que pompier mais je pense que mon expérience en tant que tel a fait que j'ai eu des bons reflexes.
J'ai fait une demande au niveau des pompiers pour avoir du matériel car le garage qui est au sous-sol commençait à se remplir d'eau. Ensuite, l'eau est montée très vite, j'avais de l'eau au niveau de la taille, donc entre 70 et 80cm. En revanche dans la partie des locaux techniques, où il y a les transformateurs électriques, groupes électrogènes, pompe à chaleur, l'eau est montée jusqu'à 180cm. En fin d'après-midi nous avons fait descendre tous les résidents afin qu'ils puissent manger. Nous avons essayé de les rassurer sur la situation. J'ai informé ma directrice du fait que par précaution j'allais couper les ascenseurs. Une collègues de Fontan s'est retrouvée en tant que seule administratrice de garde. Nous avons donc dû, à deux, prendre en main la situation et les décisions ce soir là.
Vers la fin du repas des résidents, il faisait nuit, tout s'est éteint. Les gendarmes et les pompiers venaient à tour de rôle pour voir si tout se passait bien mais à ce moment-là il n'y avait rien d'alarmant. Vers 20:00, nous avons remonté tous les résidents en chambre par les escaliers avec l'aide d'un groupe de jeunes civils qui avaient fait le tour du village pour voir si nous avions besoin d'aide. En tout, dans l'établissement, nous étions 10 membres du personnel pour 71 résidents. L'eau continuait à monter, nous entendions des bruits, qui en fait étaient le roulement des blocs dans le lit de la rivière. À un certain moment nous avons entendu un gros "boum" et nous avons senti le bâtiment bouger. Nous en avons déduit que c'était le moment où le pont du Bourg-Neuf a été emporté. Avec ma collègue nous étions responsables, elle au niveau administratif et moi au niveau technique donc le regard se retournait toujours vers nous et le poids était encore plus lourd sur mes épaules de par ma fonction de pompier. Je me suis rendu compte que si je craquais tout le monde allait craquer. Nous avons eu des communications téléphoniques avec notre directrice, qui était sur Nice jusqu'à 21:00/21:30. Après cela "plus de son plus d'image". À partir de là nous avons vraiment ressenti la pression due et la responsabilité que nous avions. Nous avons déconnecté notre cerveau, sans penser à nos proches en nous focalisant sur notre travail. Nous avons ensuite réparti le personnel dans les étages car il fallait changer certains résidents et les mettre au lit car rien ne devait les perturber. À 23:00 je passais encore l'auto-laveuse dans les couloirs en pensant que le lendemain matin le courant allait revenir et tout allait être réglé.
Peu après 23:00, j'ai calé les portes automatiques avec des bouteilles d'eau afin qu'elles restent ouvertes. Un quart d'heure après nous avons vu des phares arriver, il s'agissait des gendarmes qui nous ont dit qu'il fallait évacuer.
À ce moment-là, la question a été de savoir comment évacuer, selon quelles priorités etc. Ma collègue a donc pris la liste des personnes présentes et nous avons fait une réunion rapide avec tous les soignants et les forces présentes.
J'ai priorisé l'évacuation des personnes valides car le but à ce moment-là était d'évacuer un maximum de personnes afin d'avoir le moins de pertes possible car nous ne savions pas ce qui se passait dehors. Ca a été la décision la plus difficile à prendre mais tout devait aller très vite. L'ensemble du personnel ainsi que les gendarmes et les pompiers qui sont arrivés à ce moment-là ont tout de suite compris la gravité et l'urgence de la situation. Ma collègue a délégué à un soignant la tache de pointer les résidents à la sortie du bâtiment. Nous avons donc commencé l'évacuation en partant des étages vers le rez-de-chaussée de manière à n'oublier personne. Pendant ce temps je suis allé récupérer les minibus de l'hôpital pour procéder à l'évacuation. Personnellement je ne me considère pas comme quelqu'un ayant procédé réellement à l'évacuation du bâtiment en elle-même. Eugène, le jardinier du village, ainsi qu'Henri un pompier de Tende, sont venus en renfort avec un minibus de la mairie. Nous avons donc commencé à faire des rotations jusqu'au centre d'hébergement situé sur la place de la gare (salle du temps libre) pour évacuer le plus de personnes possible. Dès le premier voyage nous avons été redirigés vers le C.H.U (Centre Hospitalier Universitaire) afin que les résident soient pris en charge directement par le personnel hospitalier.
Avec les autres conducteurs des minibus nous nous tenions informés sur l'état de la route car là où nous passions elle commençait à s'effondrer, jusqu'au moment où en passant, j'ai dû faire un écart afin de ne pas tomber dans le trou et j'ai touché le muret sur le bord de la route. Nous avons donc décidé de ne plus passer par là et d'emprunter une petite route qui permettait d'accéder au village par le haut. Cette route a malheureusement croulé peu après mon dernier passage. Il nous restait alors 9 personnes en fauteuil roulant à évacuer. Nous avons donc utilisé le minibus de la mairie qui était resté de l'autre côté, ôté les sièges afin de pouvoir rentrer les fauteuils roulants et nous avons conclu cette dernière évacuation plus sereinement.
Avec ma collègue nous sommes allés au centre d'hébergement afin d'informer la cellule de crise que l'hôpital St Lazare avait été entièrement évacué. Ce n'est qu'à ce moment-là que nous avons réellement eu connaissance de la situation et que nous avons su que plusieurs ponts avaient été emportés.
La deuxième étape a été de diviser les résidents. Lorsque nous sommes arrivés au C.H.U les groupes électrogènes avaient pris le relais donc il y avait de l'électricité mais la situation était inédite : il y avait 71 résidents dans les couloirs, aucun lit ni matelas disponibles et peu de personnel car certains étaient rentrés chez eux afin de ne pas rester bloqués. Les salles ont été converties en dortoirs avec parfois 13 résidents dans la même pièce. Pendant plus d'une semaine certains résidents ont dormi sur des palettes avec des matelas que nous avons récupéré au St Lazare dans les jours qui ont suivi. Certains résidents ne se sont pas aperçus de ce qui s'était passé.
Dès le lendemain, avec du personnel administratif et des cuisinier nous sommes descendus au St Lazare afin de récupérer des médicaments et de la nourriture. Dans les jours qui ont suivi plusieurs résidents qui le nécessitaient ont été évacués en hélicoptère dans les hôpitaux de la Côte d'Azur.
L'ensemble du personnel et moi même estimons avoir fait notre travail ce soir-là, avec l'aide d'habitants du village, des pompiers et de la gendarmerie. Cette soirée a été très éprouvante pour nous, il m'est encore difficile d'en parler.
![20220808_105446.jpg](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_c2786c00750f4667977aa15b4a0cee40~mv2.jpg/v1/fill/w_43,h_77,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/20220808_105446.jpg)
Propriétaire et responsable de l'Albergo del Nazionale et du Relais del Nazionale de Vernante
-
In che modo ha gestito la situazione, i clienti con l'albergo pieno, la loro sicurezza ? (protocollo di evacuazione delle persone, di protezione dell'edificio?)
La nostra società gestisce due strutture ricettive, una di questa, la più toccata dall’evento era chiusa per ferie e, di conseguenza, vuota.
L’altra struttura, invece, era aperta ed operativa. Abbiamo accolto tutti coloro che, non potendo più arrivare alle proprie abitazioni a Limone si sono fermati a Vernante.
Le maggiori criticità sono derivate dal fatto che l’area di pertinenza della struttura erano senza servizio elettrico e, di conseguenza. In un primo momento abbiamo sfruttato l’alimentazione da aree di pertinenza mentre successivamente abbiamo noleggiato un generatore a motore per poter supportare le attività di base (soprattutto la cucina e la parte del mantenimento degli alimenti).
-
In quanto proprietari di un albergo vicino al fiume siete stati sensibilizzati e preparati per saper come reagire in caso di alluvione?
L’evento verificatosi nell’ottobre del 2020 e, soprattutto la sua portata, erano difficilmente prevedibili e prendere delle precauzioni in tal senso era praticamente impossibile.
-
Avete costruito il relais con delle norme specifiche?
Sicuramente i danni sono stati limitati perché nella ristrutturazione della struttura iniziata nel 2003 e completata nel 2007 abbiamo previsto per la parte più bassa e vicina al fiume, solamente delle aree di stoccaggio e deposito. Gli impianti principali sono tutti sopraelevati.
Proprio ad inizio degli anni 2000 il comune di Vernante ha adottato le linee guida del PIANO ASSETTO IDROGEOLOGICO, Il Piano per l'Assetto Idrogeologico (o PAI) è uno strumento fondamentale della politica di assetto territoriale delineata dalla legge 183/89, viene avviata in ogni regione la pianificazione di bacino, esso ne costituisce il primo stralcio tematico e funzionale. Il Piano Stralcio per l'Assetto Idrogeologico, di seguito denominato Piano Stralcio o Piano o P.A.I., redatto ai sensi dell'art. 17, comma 6 ter, della L. 183/89, dell'art. 1, comma 1, del D.L. 180/98, convertito con modificazioni dalla L. 267/98, e dell'art. 1 bis del D.L. 279/2000, convertito con modificazioni dalla L. 365/2000, ha valore di Piano Territoriale di Settore ed è lo strumento conoscitivo, normativo e tecnico-operativo mediante il quale sono pianificate e programmate le azioni, gli interventi e le norme d'uso riguardanti la difesa dal rischio idrogeologico del territorio. A seguito dell'entrata in vigore del testo unico sull'ambiente (D.lgs. 152/2006) la materia è regolata dagli artt. 67 e 68 dello stesso.
Funzioni del PAI[modifica | modifica wikitesto]
Il P.A.I. ha sostanzialmente tre funzioni:
-
la funzione conoscitiva, che comprende lo studio dell'ambiente fisico e del sistema antropico, nonché della ricognizione delle previsioni degli strumenti urbanistici e dei vincoli idrogeologici e paesaggistici;
-
la funzione normativa e prescrittiva, destinata alle attività connesse alla tutela del territorio e delle acque fino alla valutazione della pericolosità e del rischio idrogeologico e alla conseguente attività di vincolo in regime sia straordinario che ordinario;
-
la funzione programmatica, che fornisce le possibili metodologie d'intervento finalizzate alla mitigazione del rischio, determina l'impegno finanziario occorrente e la distribuzione temporale degli interventi.
-
Secondo Lei siete riusciti a gestire bene la catastrofe?
Ribadisco il fatto che un evento di tale portata, come è stato più volte ripetuto, è statisticamente imprevedibile. Proprio in questi casi, la capacità umana di gestire le emergenze è quella che ha permesso alla nostra valle di limitare i danni e soprattutto di non avere vittime.
In tal senso penso alla gestione della strada statale 20: il responsabile (Astegiano) ha personalmente valutato il rischio ed ha preso di sua spontanea volontà la decisione di chiudere la strada. Non sapremo mai quante vite questa decisione ha permesso di salvare, è logico pensare non poche.
-
Siete stati aiutati il giorno dell'alluvione? Se si da chi?
Abbiamo ottenuto contributi da enti paralleli quali l’associazione commercianti della provincia di Cuneo, dall’ente “Parco Naturale delle Alpi Marittime”. E’ stato, invece, carente, se non inesistente, l’intervento dell’ente pubblico inteso come provincia e regione.
-
Dall'ottobre 2020 delle misure sono state messe in atto dallo stato?
Il comune di Vernante è immediatamente intervenuto per mettere in sicurezza l’alveo del fiume, rimuovendo i detriti portati a valle dalla forza dell’acqua.
Successivamente sono iniziati i lavori, ancora ora in corso di messa in sicurezza dell’alveo con la realizzazione di sponde e barriere di protezione.
-
Se una nuova catastrofe si presentasse pensi di essere preparato meglio di prima?
L’unico vantaggio rispetto a quanto successo nel 2020 è che l’imprevedibile ora è diventato prevedibile, quindi, quello che fino a due anni fa non riuscivamo a prevedere oggi è qualcosa che non possiamo non prendere in considerazione.
Se dovesse ripetersi un evento come quello, saremo sicuramente più preparati e potremmo agire con maggior anticipo.
![20220808_105446.jpg](https://static.wixstatic.com/media/d6eea2_c2786c00750f4667977aa15b4a0cee40~mv2.jpg/v1/fill/w_43,h_77,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/20220808_105446.jpg)
Sapeur-pompier du Service Départemental d'Incendie et de Secours 06
-
Quand avez-vous été mobilisé pour venir en aide aux habitants de la Roya ?
Nous étions en alerte, comme tous les services concernés dès le matin de la tempête, pour la petite histoire je revenais le matin même de Corse avec un autre collègue lieutenant, nous avions tenté le concours de capitaine la veille, et nous avons atterri à Nice quelques minutes avant la fermeture de l’aéroport. Il s’avère que quelques heures plus tard mon collègue assurait les fonctions de Commandant des Opérations de secours à Fontan, alors que j’assurais le commandement sur le secteur de Breil. Nous avons pu être mobilisés grâce à la réactivité de nos procédures qui prévoient une montée en puissance avec un état de veille puis un état de mobilisation, pour cela nous avions été contactés dès notre arrivée. Dès 9h30 nous étions mobilisés pour renforcer les effectifs et anticiper l’évolution de la situation. Il nous était difficile de prévoir un tel événement dans sa force brutale, et si localisé, nous avions donc pris des mesures pour assurer une couverture opérationnelle et la continuité du commandement pour coordonner les renforts sur tout le territoire de la Compagnie (pour Menton, notre secteur d’intervention correspond à la partie Est du département). Nous avions une attention particulière pour les enjeux humains concentrés sur la bande littorale, pour autant, très vite, nous avions identifié les contraintes d’accessibilité et l’importance d’une présence dans la Roya. C’est à ce titre que le Chef de Compagnie, m’a demandé de me rendre à Breil sur Roya un peu avant midi, pour assurer la fonction d’officier de liaison. Je me suis rendu à la Mairie ou Monsieur le Maire assurait la direction de son poste de commandement. Les sapeurs-pompiers de la vallée était déjà largement mobilisés. Un sous-officier du Centre de Secours de Breil assurait alors le commandement de plusieurs équipages qui ont rapidement mené des reconnaissances et des premières actions de sécurisation de la population. Mon rôle dans cette première partie de journée était de faciliter les remontées d’informations entre notre salle opérationnelle départementale et le terrain afin de mieux dimensionner les besoins de tous les secteurs identifiés sur le département, j’ai aussi par exemple accueilli une équipe de la Croix-Rouge qui pouvait commencer à monter un centre d’accueil des impliqués. Le sous-officier de Breil, a, lui, pleinement assuré son rôle sur un secteur déjà compliqué dans l’après-midi. Pour répondre à votre question j’ai donc été mobilisé très tôt, mais avec toute une organisation qui s’est mise en place assez vite. Pour ce qui est de l’aide aux habitants de la Roya, il faut bien distinguer le secours et le soutient à la population. Notre mission est dans un premier temps la reconnaissance et le sauvetage. Dans les jours qui ont suivi la tempête les sapeurs-pompiers ont été mobilisés pour des missions de soutient qui pouvaient aller de la continuité d’alimentation en eau jusqu’au déblaiement des accès.
-
Quelles ont été vos premières actions lorsque vous êtes arrivé sur le terrain ?
Mes premières actions ont débuté vers 17h00 lorsque que nous avons dû structurer une réponse dégradée en urgence. J’ai abandonné mon poste d’officier de liaison, et pour cause, nous nous sommes retrouvés à déménager le Poste de Commandement de la Mairie, menacé par la montée des eaux, au Centre de Secours de Breil. Ce dernier, plus en hauteur, bénéficie d’un groupe électrogène. Les coupures d’électricité, les communications qui tombaient, puis les routes qui commençaient à être coupées m’ont amené à prendre le commandement des opérations de secours. Je me suis retrouvé ce soir-là à assurer un briefing devant plus de 60 agents et une unité militaire de la sécurité civile. Seul pour assurer le commandement j’ai clairement expliqué que ce n’était pas pour moi une situation habituelle que les
choix que j’allais faire dans les heures à venir ne seraient pas issue d’une chaine de commandement classique mais que je me retrouvais seul, et qu’à ce titre j’avais vraiment besoin d’eux pour orienter nos actions, et très franchement ils ont vraiment tous répondu présents, il y avait bien un agent plus gradé que moi, Le Capitaine L, mais il était le seul à pouvoir remplir le rôle de ce qu’on appelle Conseiller Technique pour le sauvetage en eaux-vives, une mission essentielle à cet instant, les rôles se sont distribués assez naturellement, même si je lui ai demandé s’il voulait prendre le commandement. J’ai été secondé par ce qu’on appelle des chefs de secteurs et des agents qui ce soir-là ont réalisé des actions qui encore aujourd’hui, force mon admiration, et pas que sur le terrain, notamment les deux sous-officiers de Breil, qui ont pu, après quelques explications, assurer les fonctions « d’officier renseignement » et « d’officier moyens » (pour traiter toutes les informations qui nous arrivaient), ce sont des rôles qui sont moins mis en lumière mais qui sont importants. Nous avons suivi ce qu’on appelle une marche générale des opérations, cela a consisté à premièrement faire mener des reconnaissances et privilégier les sauvetages. Alors que nous n’avions plus de moyen de communication nous avons envoyé des équipes en limite de secteur pour définir nos frontières d’actions, puis à l’intérieur de ces limites avec une technique que j’appellerais d’escargot que l’on a, je pense, inventé ce soir-là : chaque équipe qui partait sur une portion de quartier défini, en fonction des accès, était en capacité de croiser à minima deux autres équipes et pouvaient se renforcer mutuellement, ainsi nous avons pu quadriller le secteur en permettant aux agents d’avoir a minima un contact visuel / et ou de proximité avec d’autres équipes pour assurer un minimum de sécurité aux intervenants. Ils ont sauvé plusieurs personnes, mis en sécurité des dizaines d’autres… En parallèle des équipes de reconnaissance essayaient par plusieurs accès de trouver un passage pour sortir de notre zone d’intervention, mais nous étions isolés, sans contact, sans électricité, sans moyen de communication. Nous avions quand même pu lancer des messages de compte-rendu dans le début de nuit pour faire part du dimensionnement important de nos actions. Nos premières actions ont donc été du commandement pour assurer nos missions premières, la reconnaissance et les sauvetages. Nos deuxièmes actions ont été de soutenir le désenclavement mutuel des secteurs d’intervention entre Fontan/Breil et Breil/Sospel. Alors même que nous n’avions aucun contact avec l’extérieur et qu’une idée partielle de l’état des autres secteurs, et nous-même enclavés, nous avons décidé d’envoyer une équipe de renfort en direction du Nord par la voie ferrée car nous savions que leurs effectifs étaient moindres.
-
Comment se sont déroulés les évènements dans les jours qui ont suivi votre arrivée ?
Je ne peux pas spécialement aborder ce sujet n’ayant pas été mobilisé sur l’après-tempête au-delà des opérations de secours, j’ai été relevé par un capitaine le samedi matin vers 12h00, je suis revenu le dimanche pour mener un groupe de sauvetage-déblaiement par la voie ferrée en direction de Fontan. Je peux surtout témoigner de la solidarité des habitants de Fontan qui ont accueilli les équipes de secours avec une gentillesse et un dévouement qui nous a touché.
-
Étiez-vous au contact direct des victimes ?
Non, mon rôle m’éloigne de ce contact et en général les lieux où l’on traite l’information pour prendre des décisions sont plutôt préservés du contact direct avec la population. Ils ne sont pas hermétiques, il
faut bien évidement recueillir l’information, mais je n’ai pas été au contact direct des situations dramatiques. J’ai pu me rendre sur des lieux de disparition ou de décès mais sans avoir eu de contact direct avec les proches ce soir-là. Pour autant, nous vivons sur le territoire et les tragédies de cette nuit ne sont pas cachées. J’ai donc pu être au contact de famille de victimes après la tempête.
-
Etiez-vous bien préparés à une catastrophe d'une telle ampleur ?
Le service départemental, sans rentrer dans le détail de nos procédures, est préparé depuis de nombreuses années à tout type d’événement. Plutôt que de lister chaque événement dans le détail et les réponses à apporter, nous sommes entrainés à réagir avec de grands principes qui s’adaptent à la situation, en effet nous ne pouvons pas tout prévoir et il faut faire preuve de flexibilité pour ne pas rester démuni face à une situation que nous n’aurions pas prévu. Il nous était difficile de prévoir l’ampleur de l’événement, pour autant nous avons adapter des principes généraux d’intervention pour faire face comme nous avons pu. Aucun département n’a les moyens suffisants pour faire face à ce genre d’événement, et supposons même que nous pourrions avoir un budget illimité, il faudrait avoir une structure démesurée dans ce qu’on appelle le secours courant, cela générerait une situation contre-productive. Le modèle français de sécurité civile s’appuie sur le volontariat, ce dernier étant largement dans notre département structuré par une strate professionnelle, c’est aussi cette complémentarité qui a été sollicitée : pour répondre à une catastrophe d’une telle ampleur il ne suffisait pas de se préparer, il a aussi fallu compter sur la mobilisation volontaire, la coordination et les renforts d’autres départements et d’autres acteurs de la sécurité civile. En synthèse, je dirais que même si nous avons répondu présents, non, nous n’étions pas préparés à ce genre de catastrophe, mais ce n’est pas un défaut de préparation ou un manque d’anticipation c’est en fait la définition conceptuelle des catastrophes. Nos sociétés ne peuvent pas s’y confronter à l’avance, c’est une difficulté conceptuelle, à ce sujet vous pouvez par exemple lire l’ouvrage de Jean-Pierre Dupuy qui évoque le moment ou « l’impossible est certain », une catastrophe devient « l’irruption du possible dans l’impossible », c’est-à-dire que nous vivons moins les catastrophes comme l’inscription dans le réel de quelque chose d’insensé, donc impossible, que comme l’irruption du possible dans l’impossible. Le pire devient désormais possible, c’est bien qu’il ne l’était pas avant. C’est un événement qui sort du néant. Un exemple moins conceptuel serait celui d’une tempête de neige à Marseille, on a reproché à M. Gaudin de ne pas avoir les engins de déneigement adaptés lorsque cette tempête de neige – assez improbable mais pas impossible- est arrivée : faut-il investir pour autant dans un parc d’une vingtaine de chasse-neiges ? Quand bien même, Cela n’aurait pas suffi ! Ce n’est pas qu’une question de moyens, c’est une gymnastique de l’esprit pour les gestionnaires de crise (personne n’aurait pensé à comment acheminer les agents vers les chasses neiges par exemple puisque tout était bloqué). Je pense que se préparer consiste à organiser le mieux possible nos moyens pour s’adapter à toutes les situations (ce qui implique parfois de remettre en cause nos fonctionnements hiérarchiques et verticaux, faire confiance, développer les compétences, laisser place à l’initiative, etc…) plutôt que de lister toutes les situations possibles ; lorsque qu’un événement, « cygne noir », imprévisible arrive, il faut avoir pu, avant, lutter contre l’idée séduisante mais dangereuse que nous pourrions tout prévoir, entre les biais cognitifs et le piège des analyses de risques qui n’étudient des aléas que par l’occurrence, une catastrophe est à la fois une révélation, mais aussi une évaluation violente de nos sociétés. On ne s’y prépare pas comme on peut l’entendre avec l’idée de « l’avez-vous prévu ? », ce qui n’est pas le cas, mais plutôt avec l’évaluation de notre adaptabilité, chose essentielle dans nos structures sapeurs-
pompiers avec un principe de base « le terrain commande », c’est ce qui s’est passé ce soir-là.
-
Estimez-vous l'avoir bien gérée ?
Collectivement cela ne sera jamais assez bien pour nous. Nous pourrions souligner les vies humaines sauvées mais nous ne satisfaisons pas d’intervention où des personnes perdent la vie, d’autant plus que nous avons ce soir-là perdu deux des nôtres. Ainsi comme pour toutes les interventions importantes le Service Départemental est dans une démarche continue d’amélioration, nous avons donc tiré des enseignements de cet événement.
Personnellement sur mon action, c’est difficile d’avoir un avis, j’ai dû répondre de mes choix en raison de décès, mais je ne peux pas dire s’il m’était possible de mieux gérer, c’est une partition impossible à rejouer. Je ne peux que me rassurer avec l’émotion que m’a procuré le travail des agents sur notre secteur, ils ont vraiment donné leur maximum, et les messages de remerciements que j’ai reçus de ces mêmes agents, parfois plusieurs mois après. Mais le sujet n’est pas tant d’avoir bien ou mal fait, c’est compliqué d’évaluer, mais plutôt de ce que nous pouvons améliorer sur notre organisation générale, et à ce sujet nous n’avons rien caché, un retour d’expérience a été présenté aux autorités.
Et, encore une fois, c’est un avis sur les premières heures de l’intervention, la « gestion » de cette tempête est un sujet bien plus étendu dans le temps, encore maintenant plus de deux ans après, cette gestion fait appel à des acteurs nombreux.
-
Avez-vous eu le personnel suffisant et le matériel nécessaire ?
Je n’ai pas la vision de l’ensemble du département 06 ce soir-là, je peux dire que pour notre secteur (Breil), la montée en puissance initiée dès l’après-midi par notre salle opérationnelle, nous a permis de compter sur presque 80 agents dont des équipes spécialisées et des moyens militaires de l’Unité d’Intervention et d’Instruction de Brignoles. La continuité de l’alimentation électrique du centre de secours a été un élément fondamental et pour cela le travail d’entretien et de maintenance de nos services techniques a été prépondérant, on oublie souvent de souligner ce qui nous semble normal. Le matériel qui nous aurait manqué, notamment pour la pérennité des transmissions est désormais en dotation. nous avons eu de la chance d’avoir eu une montée en puissance pour faire face, au moins dans les premières heures aux besoins de mise en sécurité, là où nous pouvions accéder.
-
Est-ce que d'autres moyens ont été mis en place depuis Alex pour mieux pouvoir réagir ?
Plusieurs centres de secours du département sont désormais équipés en liaison satellitaire. La procédure départementale inondation a été mise à jour avec une harmonisation avec la zone de défense (pour encore améliorer la coordination les renforts d’autres départements) notamment dans la constitution des groupes d’interventions spécialisés. Nous continuons à nous entrainer régulièrement, à la gestion opérationnelle du commandement pour les officiers, aux techniques d’interventions pour les groupes spécialisés, à la marche générale des opérations pour l’ensemble des agents, et, pour tous, avec un rappel appuyé sur la sécurité. Nous commençons également à être mobilisés sur des exercices de Plan Intercommunaux de Sauvegarde (PICS), une nouveauté réglementaire depuis quelques mois.
-
Si une nouvelle catastrophe se prépare vous sentez-vous mieux préparé ?
Ce serait bien prétentieux de se dire préparé à une catastrophe, nous continuerons à faire de notre mieux dans une démarche d’amélioration continue. Cette démarche nécessite la mobilisation des acteurs préfectoraux et communaux. Nous pouvons toutefois souligner que l’apparition de l’échelon intercommunal dans les mesures de sauvegarde va dans le sens d’une meilleure prise en compte des enjeux qui accompagnent des événements comme la tempête Alex